L’ÉGLISE SAINT GOLVEN au VIEUX-BOURG de TAUPONT (56)

L’ÉGLISE SAINT GOLVEN au VIEUX-BOURG de TAUPONT (56)

1875 : la nouvelle église paroissiale de Taupont est officiellement ouverte au culte. Sa construction a débuté dix ans plus tôt et l’événement marque la fin du rôle de la vieille église qui se trouve reléguée au rang de chapelle. L’édification de la grande église du nouveau bourg se situe dans le courant de construction qui enflamme les campagnes de l’époque post-révolutionnaire : ce nouveau bourg s’agrandit et peu à peu, le vieux bourg devient village.

Et pourtant, située à 1 km de Ploërmel sur la rive ouest du Lac au Duc (nous disions autrefois, plus modestement, l’étang au Duc), la petite chapelle ne manque pas d’attraits. Il y a quelques trente ans, son état pouvait inspirer quelques inquiétudes : peu entretenue, elle ne servait qu’une fois ou deux dans l’année et la protection du patrimoine n’était pas encore, pour les petites communes rurales, une priorité budgétaire. Depuis la municipalité de Taupont et les habitants de la commune ont compris l’intérêt de ce monument : il est aujourd’hui bien entretenu et de nombreuses restaurations ont été entreprises.

Histoire de Taupont

A Taupont, comme un peu partout en Bretagne et si l’on en croit la tradition, la paroisse fut fondée par un saint. Celui qui nous intéresse ici est Goulven (on dit Golven dans le pays gallo mais aussi Goulhen en pays bretonnant) : né en 540, quelques jours après l’arrivée de ses parents gallois, Glaudan et Gologuen, sur les rives d’Armorique, il se consacre d’abord à la méditation puis l’ermite devient évêque de Léon à la mort de Saint Paul Aurélien. Vers 608, il quitte son évêché et voyage à travers la Bretagne (ses hagiographes situent sa mort en 616 à Saint Didier près de Rennes). La paroisse d’origine du saint, Goulven dans le Finistère (pardon le 1er juillet), conserve une superbe église des XVème et XVIème siècle. On y trouve également la chapelle du Péniti et une fontaine Saint Goulven, près du village de Kérouchen, réputée pour soigner les fièvres.

Fontaine St Golven à quelques cent mètres de la chapelle.

Le diocèse de Quimper n’est pas en reste puisque la paroisse de Goulien (près de la Baie de Douarnenez) honore aussi notre saint. Précisons que l’orthographe du nom a évolué au cours des siècles : à la fin du XIIIème siècle, on trouve Golthuen, Golchuen ou Golzven. En 1368, on parle de Goulchen alors que le terme actuel de Goulien ne sera généralisé qu’au XVIème siècle. Plus au nord, sur la rade de Morlaix, existe aussi une chapelle dédiée à saint Gouven et la paroisse de Plougonven qui honore Gonven ou Conven pourrait bien avoir le même patron.

En Ille et Vilaine, à Saint Didier, un culte était également rendu au saint gallois, patron secondaire de la paroisse. On y trouve un bois Saint Golven, l’Ermitage de Saint Golven et bien sûr, une fontaine dont « l’eau délicieuse ne tarit jamais, même aux années de plus grandes sécheresses ». L’abbé Henri le Breton, recteur de Taupont dans les années 1930 et grand spécialiste de Saint Golven, mentionne en outre à Saint Didier l’existence d’un four Saint Golven et signale la présence du saint sur un des vitraux de la chapelle Notre Dame de la Peinière, lieu de pèlerinage encore prospère à quelques kilomètres de là. Par contre, il est moins certain du passage de Golven sur la paroisse de Goven près de Guichen, également en Ille et Vilaine.

Mais revenons à Taupont … Bien évidemment, la présence humaine dans cette région ne date pas de l’arrivée du brave ermite. La situation géographique du Vieux Bourg le prédisposait à une occupation précoce : situé sur les berges de l’Yvel, ses terres sont propices à l’agriculture. Les historiens locaux parlent, ici aussi, d’une occupation romaine à la faveur de la construction de la voie Vannes-Corseul. On a dit qu’une garnison de légionnaires mauritaniens aurait garder le pont sur l’Yvel d’où le nom de Campus Ponti (on trouvera effectivement le toponyme Campont dans les textes du Moyen Âge, mais aussi Talpont puis Taulpont). L’abbé le Breton précise que cette « tête de pont » a été détruite par les Normands vers 940 …

Les époques plus récentes nous laissent davantage de preuves sur l’histoire de l’occupation du site. Au XIIème siècle, les moines bénédictins de Saint Gildas de Rhuys possèdent l’étang des Grands Moulins. Une digue a en effet régulé le cours de l’Yvel et l’on y a construit des moulins : la tradition veut que l’on y tienne toujours un cheval sellé pour courir vers Malestroit au cas où le barrage viendrait à se rompre. En 1257, le duc Jean I obtint des moines de Saint Gildas (en échange des droits de coutume à la foire de Notre Dame de la Clarté en Lauzach, près de Questembert en Morbihan) la cession de l’étang et des moulins, il devint donc l’étang au Duc. Près des moulins, les Bénédictins créent le Prieuré Saint Nicolas et desservent également la paroisse qui n’est pas reconnue comme entité séculière. En 1330, la liste des impôts du vingtième dus au pape signale le prieuré de Campont et en 1448, une lettre du pape Nicolas V fait état à Taupont « d’un prieuré de l’ordre de Saint Benoît, non conventuel, avec charge d’âmes, dont la collation dépend de Saint Gildas de Rhuys, valant 120 livres tournois ». La somme est coquette pour l’époque !
A la fin du XVème siècle, paroisse et prieuré deviennent distincts puisque les listes de bénéfices astreints au vingtième distinguent la paroisse de Taupont et « la chapelle de la très bienheureuse vierge Marie du même lieu » (sans doute un autre nom pour la chapelle du prieuré Saint Nicolas ?).

Visite extérieure

L’église Saint Golven s’élève à la bordure est du village sur le bord du plateau qui domine le lac. Construite sur le bord de l’escarpe, son plan n’a pu changer de manière importante à travers les modifications qu’elle a du subir au cours des ans : les agrandissements sont limités par la déclivité abrupte qui la borde à l’est et au nord. Au sud, elle est bordé par l’ancien presbytère devenu école communale puis demeure particulière : certaines parties sont vraisemblablement du XVIème siècle. Trois routes se croisent devant la façade ouest formant une petite place qui était le centre du bourg à l’époque où il regroupait encore une cellule humaine importante.

L’église fut autrefois entourée d’un cimetière comme dans la plupart des localités bretonnes. Deux pierres tombales sont encore là. La construction de la nouvelle église dans les années 1870 a provoqué l’ouverture d’un nouveau cimetière près du bourg actuel et les tombes les plus récentes y ont été transférées. A l’origine, cimetière et église étaient enclos comme en témoigne la présence de deux petits piliers à droite de la croix.

De dimensions modestes (29 mètres sur 15 au croisillon), l’église Saint Golven présente un aspect trapu du fait qu’elle se trouve légèrement enterrée au moins sur sa partie ouest.
Sa position même est assez originale : habituellement, elle occupe le centre du bourg. Ici, le bâtiment se trouve relégué sur le bord du village : à l’est, il ne reste qu’une maison en contrebas et au sud, passé l’ancienne cure, on ne trouve plus d’habitations.

Le portail

Entièrement en granit de Saint Aubin ou de Couello (Billio) dont le grain tendre et fin se prête bien à une ornementation fouillée, le portail d’entrée est un pignon triangulaire accoté à la tour et pourvu dans chaque angle d’un petit contrefort. Le tout est en grosses pierres appareillées régulièrement et soigneusement taillées pour éviter les grosses différences de joints. Les arêtes du fronton sont garnies de choux recourbés qui forment des rampants dont la base s’appuie sur des animaux fantastiques.

Dans ce pignon s’inscrit une grande accolade en saillie au tracé inhabituel : elle est plus élancée que le type que l’on peut voir en Bretagne à la même époque. Bordée par des massifs de feuillages et de fleurs, elle se termine en gros panache à trois lobes. A l’intérieur, cette accolade est reprise dans une bande divisée en deux par une petite rainure et bordée d’un tore. A partir de la base serpente alors, en forme de cordon, deux branches entrelacées, une de chêne avec des glands, l’autre de vigne. La branche de vigne porte des feuilles profondément fouillées et des grappes gonflées que viennent becqueter des oiseaux. Le granit s’est prêté à ce motif : la pierre est découpée, évidée de manière à faire une dentelle.

détail du porche de Ploërmel

Dans le tympan, deux accolades plus petites rappellent la précédente mais elles sont moins élancées et se rapprochent plus du standard. Dans leur pointe supérieure, se tiennent respectivement un moine la tête en bas et un ange aux ailes déployées. Elles se rejoignent au centre pour s’appuyer sur un autre ange en encorbellement. Les vantaux qui datent, ainsi que les ferrures, de la même époque sont encadrés par un arc surbaissé et entourés par une gorge contenant à nouveau des feuilles de chêne et des grappes de raisin picorées par les oiseaux.

Le trumeau qui sépare les deux portes jumelles est chargé de sculptures à raison d’un motif par pierre. Ces motifs (feuilles entrelacées, animal fantastique, petit personnage symbolique) sont reliés entre eux par une fine cordelette qui traverse tout le trumeau de haut en bas.

Au dessus, une console et un dais, tous deux très ouvragés, marquent l’emplacement d’une statue (vraisemblablement saint Golven) qui a été enlevée en 1774, date à laquelle on a placé là une cartouche de marbre portant les armes pontificales. Pierre Laurent de Lambilly (famille noble installée à quelques kilomètres de là dès le XIIème siècle) obtint en effet du pape Clément XIV l’affiliation de l’église à Saint Pierre de Rome. Ce privilège donne droit aux mêmes indulgences qu’à Rome et autorise le recteur à porter une soutane violette dans son église (!).

Pour les connaisseurs en héraldique, la description de ces armes nous est donnée en 1853 par J.M. Mouillard (prêtre à Vannes, originaire de Taupont) : « d’azur au deux croix papale et latine d’argent posées en sautoir et liées au second. L’écu est timbré de la tare pontificale derrière laquelle les clés de Saint Pierre sont passées en sautoir : sont aussi placé de même derrière l’écu, une branche d’olivier et une branche de palmier. Une guirlande de rose disposée en simple fronton entoure la cartouche des flancs à la pointe. »

La grande accolade est bordée de deux colonnettes prismatiques s’élevant en deux niveaux qui sont chaque fois couronnés d’un dais flamboyant et qui rappellent beaucoup les contreforts de l’église de Ploërmel. D’ailleurs, tout dans ce portail fait ressurgir l’image de Ploërmel : l’ange en console au dessus du trumeau est identique à ceux qui servent de supports de voute dans l’église Saint Armel. Les motifs végétaux sont plus que ressemblants, la pierre elle-même, disposée en grand lit, est utilisée de la même façon dans les deux cas. Si l’on accepte la date de 1533 inscrite sur l’un des vantaux de l’église de Ploërmel, on peut avoir une date approximative pour le portail de Taupont.

Facade Sud

La façade sud est la seule où la pierre soit en partie apparente et présente de ce fait plusieurs parties distinctes. Tout d’abord, au sud-ouest, un mur en gros appareil régulier (opus mixtum) comprenant une grande ouverture en lucarne et un contrefort. Cette première partie qui occupe à peu près la moitié du mur de la nef est constituée par une alternance de gros blocs de granit et de lits de schiste rouge rassemblés de manière à avoir une épaisseur relativement semblable à celle du granit.

Cet appareil, parfois utilisé pour donner plus de solidité au mur, n’a ici d’autre but que décoratif : il n’était pas nécessaire de faire arase puisque tous les blocs de granit sont taillés sensiblement de la même façon. La grande ouverture en lucarne et le contrefort sont en gros blocs de granit appareillés de la même manière que ceux du portail (opus quadratum) . L’ouverture est en cintre brisé et la fenêtre en bois s’inscrit en retrait par rapport à la façade. Quant au contrefort, il est fait d’un pilier à deux niveaux dont la base est garnie d’un tore. Il présente rigoureusement le même appareil et les mêmes dessins que les petits contreforts d’angle du portail.

Vient ensuite une partie uniquement formée de petites plaques de schiste rouge comprenant deux ouvertures et un contrefort tout à fait semblable au précédent. Les ouvertures sont plus significatives : la première est petite et formée de trois lobes à l’intérieur d’une petite arcade en plein cintre. Le sculpteur n’a pu terminer le lobe central qui vient disparaitre dans la pierre formant arcade. Forme assez originale, à mi-chemin entre une structure romane et un décor gothique, cette ouverture a fait dire à plusieurs auteurs que l’on se trouvait là en présence de la partie la plus ancienne de l’édifice. La seconde ouverture est une grande baie carrée qui porte la fenêtre en retrait.

Les murs du croisillon sud du transept sont couverts de crépi mais là où il est tombé, on peut voir qu’il s’agit d’un amas de blocailles de schiste pourpré sans aucune recherche d’un appareil quelconque. Ce mur est percé de deux ouvertures : sur son flanc ouest, une porte sous arcade en plein cintre et une grande baie sous arc en cintre brisé.
Le mur sud du chœur est lui aussi recouvert et percé d’une ouverture en cintre brisé contenant le seul vitrail à figure conservé dans l’église (dessin style sulpicien).

Le chevet

Le chevet comprend deux parties distinctes : d’abord, le mur du chœur, ensuite le mur de la sacristie. Le mur du chœur est accolé de deux contreforts d’angle dont un (celui du nord) est à moitié inclus dans la maçonnerie, ce qui prouve la postériorité du mur de la sacristie par rapport à celui-ci. Ces deux contreforts sont en schiste avec, parfois, un bloc de granit dans les angles et comprennent trois niveaux. Au centre subsiste la trace d’une grande verrière condamnée à l’époque où l’on mit une boiserie derrière l’autel. Le mur de la sacristie prolonge vers le nord celui du chœur et se termine également par un contrefort d’angle. Ce troisième contrefort est totalement en granit, de la même facture que ceux de la face sud. Le mur lui même est percé d’une grande fenêtre carrée munie d’une grille.

Le mur nord

Quant au mur nord, il présente également plusieurs éléments significatifs des transformations qu’a pu subir l’édifice.

Il y a d’abord le mur de l’actuelle sacristie, peu solide. Il comprend surtout une belle ouverture rayonnante : un meneau central sépare l’ouverture en deux petites arcades à cintre brisé contenant un motif à trois lobes dans le genre de celui de la face sud mais plus élaboré. Une rosace à quatre lobes occupe le sommet de l’ensemble. Son décor de vitre a malheureusement disparu. Sous cette ouverture apparait le linteau de granit d’une porte de forme assez originale : il est formé de deux blocs de granit dont on a arrondi l’angle inférieur pour, en les rapprochant, donner une forme d’accolade.

La face nord du mur du transept est ouverte par une baie avec arc surbaissé symétrique à celle du croisillon sud et sa face ouest contient les restes d’une arcade très légèrement brisée que l’on a emmurée. Ces traces d’un bas-côté nord se retrouvent également sur le mur de la nef : on y trouve le vestige d’une arcade en cintre brisé un peu plus haute que la précédente mais, ce qui est plus étonnant, à l’intérieur de cette arcade, un pilier assez large dont le haut est en tuffaut et la base en granit ornée de plusieurs tores. Ce mur comporte en outre deux contreforts et deux ouvertures en arc brisé. Les contreforts sont différents de ceux que nous avons vu sur la face sud : au lieu d’être en granit, ils sont faits de plaques de schiste et sont particulièrement rudimentaires (un seul niveau et aucun élément décoratif). Les ouvertures sont petites et formées d’un arc en cintre brisé à l’intérieur desquels les fenêtres se posent en retrait. Entre ces deux ouvertures se situe une pierre comportant une inscription (voir photo et essai de traduction).

La tour

Une grosse tour flanque au nord le portail d’entrée. Sur le côté ouest, les pierres sont appareillées : ce sont de gros blocs de granit en appareil rectangulaire qui disparaissent plus haut et sur les autres côtés. Le reste est en effet en blocaille de schiste recouvert d’un crépi. Deux contreforts viennent appuyer les angles nord-est et nord-ouest, contrefort à un retrait en plaques de schiste recouvert d’un crépi. La face ouest est percée de trois ouvertures longitudinales rappelant la forme des meurtrières. Au dessus de cette base en pierres, s’élève une partie recouverte d’ardoises qui commence au niveau du pignon pour s’amortir par retraits successifs et former une petite flèche.

L’ensemble de l’édifice est recouvert d’une toiture en ardoise où l’on peut distinguer deux niveaux : celui de la nef et celui du chœur et de la croisée qui se trouve légèrement surélevé. Les toitures des bas-côtés sont perpendiculaires à celle de la nef mais leur sommet se situe plus bas que celui de la croisée, sensiblement au niveau de celui de la nef.

La toiture de la sacristie est aussi perpendiculaire à celle du vaisseau central mais s’élève beaucoup moins haut.

L’intérieur

On accède à l’intérieur de l’église en descendant six marches . Le niveau du dallage se trouve donc bien en dessous de celui du sol qui entoure l’église, au moins dans sa partie ouest : pour s’adapter au terrain qui est en pente légère de l’ouest vers l’est, les constructeurs ont du enterrer une bonne partie de la nef.
Tout de suite sur la gauche se trouve la porte qui permet d’accéder sous la tour. Il faut d’ailleurs remonter quelques marches pour parvenir, en passant sous une porte en plein cintre, dans une petite salle qui forme la base de la tour. Seul le mur ouest est percé de trois petites ouvertures. Selon certains auteurs, ce genre de tour aurait eu à l’origine une fonction défensive ce qui expliquerait alors son aspect trapu., l’épaisseur importante de ses murs et l’absence d’ouvertures conséquentes. Cependant, ces trois éléments ne sont pas des arguments décisifs car ils s’expliquent également d’un point de vue fonctionnel : appeler à supporter une charge importante, la base de la tour doit avoir une solidité à toute épreuve. Un escalier à vis en bois, puis une échelle permettent d’atteindre la charpente où se trouve encore une cloche. Plus que n’importe quelle autre partie de l’église, l’état actuel de cette tour peut inspirer quelques inquiétudes : les habitants du voisinage affirment qu’elle oscille lorsque l’on veut sonner la cloche et l’état de la toiture est assez misérable (notations valables à l’époque où j’ai écrit ce texte, soit en 1971).

Les murs de la nef furent recouvert d’un crépi aujourd’hui largement détérioré par l’humidité. Le mur nord porte, à demi engagées dans la maçonnerie, les colonnes et arcades de l’ancien collatéral. Les trois premières arcades touchent la sablière tandis que les deux autres sont plus basses (seules, les deux premières colonnes ont une base). Les constructeurs n’ont pas pris grand soin au calcul du niveau ou alors ce niveau a pu être modifié au cours des aménagements successifs de l’église. Tous les chapiteaux ne sont pas identiques : certains sont formés d’un simple tailloir grossièrement rectangulaire, d’autres sont plus ouvragés et comprennent un petit tailloir sur une échine. Le fût des colonnes va en s’amenuisant vers le haut et est formé de tambours inégaux dont certains comportent des joints de façade.

Le passage entre la nef et le transept se fait par un arc en plein cintre dont la retombée se situe en avant du mur de la nef.

Le croisillon nord est plus grand que celui du côté sud. Il est séparé de la croisée par deux arcades qui reposent au centre sur une courte colonne ornée d’un chapiteau. La face nord de ce chapiteau contient deux figures assez étranges : d’une tête dirigée vers le spectateur partent deux bras qui viennent tenir un écusson dont les armoiries (s’il y en eut jamais) ont disparu. La face nord est ornée de la même façon à la seule exception que deux personnages tiennent un seul écusson dont la taille est de ce fait plus importante. Il semble que celui-ci ait comporté des armoiries comme en témoignent les traces encore visibles sur sa surface. Ce motif peut être assimilé à ce que l’on trouvera plus tard (sur le portail en particulier) : les anges aux ailes déployées à fonction de console. Sur le côté ouest, l’arcade s’appuie sur un pilier engagé dans la maçonnerie du grand arc en plein cintre, colonne rigoureusement semblable à celles qui subsistent du bas-côté nord. En fait, la retombée de l’arc se situe plus haut que le chapiteau et le constructeur a du prolonger la colonne par un gros bloc de granit dont l’un des angles est orné d’un chanfrein. De l’autre côté, l’arcade vient pénétrer dans le mur du chœur. L’angle inférieur a été taillé en biseau et une petite console assure le passage du plan de l’arc à celui du mur de soutien. Sur le mur ouest de ce croisillon, subsistent les traces de l’arcade qui faisait correspondre le croisillon avec le bas-côté.

Le croisillon sud est beaucoup moins profond que le précédent : il ne fait que 3,60 m de profondeur alors que l’autre atteignait 5,30 m. Il est également séparé de la croisée par deux arcades qui s’appuient au centre sur une colonne semblable à celle du croisillon nord. La seule différence réside dans le chapiteau qui n’est orné que sur la partie sud. Cette ornementation consiste en trois branches à quatre feuilles très schématisées : l’artiste les a sculptées à plat sur le chapiteau et les nervures des feuilles sont simplement représentées par une incision dans cet a-plat. Ce type de sculpture pourrait faire penser à la sculpture sur bois que l’on retrouvera plus tard dans l’art du meuble. De chaque côté, l’arcade s’appuie par pénétration sur les murs du chœur et de la nef. Au pied de la colonne, côté nord, une pierre de dallage dont la taille est plus importante que la moyenne porte un motif sculpté dont il est difficile de définir le caractère tant il est usé. Sans doute s’agit-il d’une pierre tombale.

Le chœur a subi un certain nombre de transformation et est sans doute la partie de l’église qui a le moins conservé son aspect original. Il s’agit d’un chœur à chevet plat éclairé autrefois par une maîtresse vitre dont on voit la trace sur le mur extérieur et qui portait les armes de la maison de Lambilly. Autre reste d’un état antérieur : l’ancienne porte de la sacristie, en plein cintre, ornée de moulures (la même porte se retrouve dans une maison aujourd’hui en ruines située près du chevet en contrebas de l’église). Cette porte a été murée et l’on en a construit une autre plus à droite dans la boiserie qui recouvre le chevet. Il faut monter quelques marches pour accéder à la sacristie : elle a en effet été surélevée par un plancher. Cette sacristie fut à l’origine la chapelle à enfeu des Lambilly. Quand le centre de la vie communale se fut déplacé vers le nouveau bourg et qu’un nouveau cimetière eut été construit, les tombes les plus récentes furent transportées dans le caveau que la famille de Lambilly se fit alors construire. Il a été nécessaire de poser ce plancher pour remplacer le dallage alors détruit.

L’ensemble de l’église est recouvert d’une voûte en berceau plein cintre lambrissée. Dans la nef, une partie de la sablière est décorée : l’extrémité nord-ouest contient des motifs végétaux tandis qu’en face, une sculpture moins raffinée fait alterner ces motifs végétaux et des personnages opposés deux à deux pouvant évoquer des sirènes. A l’extrémité des entraits, des engoulevents assez grossièrement taillés viennent compléter la sculpture de la sablière. Les autres parties de la voûte (chœur et transept) ne comportent aucune décoration.

L’essentiel du mobilier de l’église Saint Golven réside dans les retables qui surmontent les différents autels depuis le XVIIème siècle. Le maître-autel est ainsi pourvu d’une gigantesque boiserie qui obligea à la fermeture de la maîtresse vitre. En fait, il y a deux retables pour cet autel : un grand ensemble avec fortes colonnes, portiques et frontons couvrent le chevet. Deux statues en bois peint l’encadre : Saint Jean Baptiste et Saint Golven et une statue du Christ souffrant occupe le sommet de ce premier retable. La porte de la sacristie y a été ouverte et symétriquement, une autre porte donne accès à un petit espace laissé libre entre le retable et le mur du chevet. Ces deux portes ont été recouvertes de toiles peintes. L’autel lui-même est surmonté d’un second petit retable en bois doré qui reprend les motifs architecturaux de la grande boiserie : colonnettes et portiques, petites statues en bois, anges aux ailes déployées.

Les quatre autres autels ont également été pourvus de retables du même genre en pierre polychrome. Il faut remarquer cependant à l’autel du bas-côté sud, deux statues qui semblent plus anciennes : Jean l’évangéliste avec l’aigle portant l’encrier et Marc avec son lion.

Devant l’église, se dresse un calvaire du XVIème siècle en granit. Planté sur un piédestal quadrangulaire, il se compose d’un fût à huit pans d’une hauteur d’environ 4 m. Sur la face avant est figurée la crucifixion tandis qu’une pieta orne l’autre côté. L’ensemble est entouré des statues de Saint Jean et Sainte Magdeleine.

Eléments de datation


La chronologie de cette église semble relativement complexe. Thomas Lacroix dans une étude sur Taupont (1965) donnait l’époque romane comme date de construction de l’arc en plein cintre entre nef et transept. En fait, cet arc est postérieur au collatéral nord puisqu’on trouve une colonne de ce bas-côté incluse dans la maçonnerie de l’arc. Pour ma part, je verrais dans les vestiges du bas-côté nord, la partie la plus ancienne de l’église. La colonne à joint de façade disparait vers 1120/1130. Les colonnes trapues avec des chapiteaux faits d’un simple tailloir accusent une architecture romane de transition. L’arc brisé, encore inconnu au XIème siècle, est cependant utilisé cent ans plus tard. Il reste en outre de cette campagne de construction (fin XIIème) la partie du mur du midi comprenant la fenêtre à trois lobes. Le plan d’ensemble de cet édifice est difficile à imaginer : mis à part l’existence d’un bas-côté unique, on ne sait rien. En l’absence de fouilles, on ne peut même pas dire s’il existait un transept et quelles étaient ses proportions. Le bas-côté se prolongeait certainement à la place de la tour actuelle puisqu’on voit encore les pierres d’une arcade dans le mur sud de cette tour.

Le transept fut vraisemblablement construit après mais à une époque où le bas-côté existait encore : il reste en effet la trace de l’arcade qui faisait communiquer le collatéral avec le croisillon nord. Il est probable que le chœur fut reconstruit à cette période ce qui expliquerait le décrochement entre la nef et la croisée au niveau de la toiture, décrochement particulièrement visible sur le côté sud. Du même coup, l’arc en plein cintre est également refait et l’on inclut une des colonnes dans sa maçonnerie. La voûte du chœur est faite sur le même modèle que celle de la nef mais ne comporte aucun élément décoratif. Si l’on peut se baser sur la forme et la décoration des chapiteaux, ces croisillons datent vraisemblablement du début XIVème siècle.

1341 : la mort de Jean III marque le début de la guerre de succession de Bretagne qui allait durer 23 ans. Cette guerre fut durement ressentie dans la région de Ploërmel (la ville, soumise à deux sièges, fut longtemps aux mains des Anglais et du parti de Montfort). Il est bien évident que le vieux bourg de Taupont se trouvait au cœur de la tourmente puisque le pont tout proche était le point de passage obligatoire sur l’Yvel. Rappelons qu’à l’Ouest, la ville forte de Josselin est tenue par le parti français. Le fameux « combat des Trente » eut lieu à quelques kilomètres de là, sur la lande de Mi-voie …

La guerre finie, on note dans toute la Bretagne un intense effort de construction (on a parlé d’âge d’or pour l’Armorique): Ploërmel, Josselin, Mauron, la Croix Hélléan (Saint Maudé) se dotent de nouvelles églises ou chapelles. Taupont s’inscrit dans ce courant architectural. Au XVème siècle donc, on supprime le bas-côté et on construit la chapelle seigneuriale(avec sa fenêtre rayonnante). Des contreforts sont adjoints au mur nord. La maîtresse vitre et l’ancienne porte de la sacristie sont sans aucun doute du XVème (on peut comparer cette porte avec celle de la sacristie de Ploërmel qui est datée avec une quasi-certitude).
Après l’annexion de la Bretagne à la couronne de France (1532), on construit à nouveau et la façade de Taupont est refaite ainsi qu’une partie du mur du midi. Par référence à celui de Ploërmel, le portail peut être daté des alentours de 1530. La grand fenêtre à lucarne et les contreforts du chevet et du sud offrent trop de ressemblance avec ce portail pour qu’on puisse les attribuer à des constructeurs différents. D’une manière générale, il semble qu’au XV/XVIème siècles, Taupont ait connu une certaine prospérité matérielle : un certain nombre de maisons datent de cette période et sont assez richement ornées, une en particulier dont l’entourage est entièrement sculpté et où s’inscrit la date de 1588.

A ce moment, l’église Saint Golven a donc à peu près la physionomie que nous lui connaissons aujourd’hui. Une dernière transformation intervient cependant : la grande verrière du chœur est murée en 1680, date à laquelle on pourvoit le maître autel d’un grand retable.

Conclusion

Les églises paroissiales de la région de Ploërmel présentent rarement des caractéristiques architecturales aussi élaborées que celle du vieux bourg de Taupont. Elles sont habituellement de petits édifices qui, sans manquer de charme, ne présentent pas grand intérêt d’un point de vue strictement architectural. Elles sont souvent bâties en matériau local (petite pierre de schiste) et font très peu appel à des éléments étrangers tel que le granit que l’on trouvera à Saint Golven. La relative pauvreté de la région ne permet pas l’édification de grands monuments avec un matériau dont le transport va être coûteux. Il faut mettre à part cependant des édifices tels Saint Maudé à la Croix Hélléan qui sont bâtis sur initiative noble (les Rohan dans le cas présent) et qui, de ce fait, ont des proportions plus grandioses.

Une église comme celle de Taupont fait donc exception compte tenu de sa richesse relative. Par plusieurs aspects, elle rappelle l’image que l’on peut se faire de l’art breton typique et cela nous entraine à tenter d’analyser dans quelle mesure cet édifice se rattache à un art de batir spécifiquement breton c’est à dire à un art témoin de la vie du peuple, témoin d’une organisation paroissiale bien établie, témoin d’un milieu physique déterminé.

Témoin de la vie du peuple, l’église Saint Golven nous apprend tout d’abord quels étaient les goûts de ce peuple, les schémas qu’il aimait à retrouver et la manière dont il transpose l’enseignement des clercs. L’église de Taupont témoigne en effet d’un art de facture populaire : au visiteur qui y pénètre, l’ensemble du décor peut paraître gauche et il sera tenter d’y voir un art « naïf ». Les peintures sur bois et sur toile qui s’y trouvent encore semblent être le fruit d’un artiste amateur qui aurait fait don de ses œuvres à son église. Les sculptures des chapiteaux, des sablières ne sont pas l’œuvre d’un véritable sculpteur mais plutôt celle d’un artisan ébéniste habitué à creuser des décors en a-plat sur le meuble. Et ce décor lui-même est pauvre comme l’est celui du meuble dans cette contrée. Pour cette peinture naïve, pour cette sculpture maladroite, on ne peut invoquer l’ancienneté : les chapiteaux sont tout au plus du XIVème siècle et à cette époque, on sait très bien et depuis longtemps sculpter le pierre en Bretagne (les chapiteaux de Saint Gildas de Rhuys et de Loctudy sont là pour en témoigner). Les peintures dont certaines sont incluses dans les retables datent vraisemblablement du XVIIIème siècle, à une époque donc où les artistes se déplacent et reçoivent des commandes pour bon nombre d’églises. Ici, tout se passe comme si, dans sa paroisse, le peuple ne faisait confiance qu’aux artistes issus de son milieu.
Il est une exception cependant à cet art « frustre » : c’est le portail si riche dont le type est relativement rare dans la région pour des édifices de cette importance. Celui de Saint Maudé, construit sur le même schéma (deux baies sous un grand arc) est loin d’atteindre la même finesse de détail et la même harmonie de l’ensemble.

La population du bourg n’a jamais dépassé sans doute 500 personnes mais devant les proportions relativement importantes de son église et devant la richesse de son portail, nous devons voir là la preuve d’une organisation paroissiale rigoureuse, caractère que l’on retrouve constamment dans la vie religieuse bretonne. Tout ce qui sert de cadre à la vie paroissiale est somptueux, on inclut dans un espace fermé (l’enclos), autour du symbole de l’existence paroissiale, les marques extérieures de sa richesse : le portail, un calvaire dont la richesse est inattendue. Il est vrai que nous sommes bien au pays des croix mais celles qui se dressent à la croisée des routes ne sont pas sculptées : on les a tirées du granit ou du schiste et posées là sans ressentir le besoin de les personnaliser. Cette intensité de la vie paroissiale est peut-être liée à la présence des deux monastères qui se sont tour à tour installés à proximité du bourg et dont l’effort d’organisation de la vie sociale a pu être continué par l’existence d’une famille noble, celle de Lambilly. Cette famille joua d’ailleurs un certain rôle dans l’histoire de l’église mais il ne faut pas se méprendre cependant sur le rôle de la noblesse dans l’édification et l’ornementation des églises. Si l’entretien du chœur lui était confié, le reste dépendait surtout du conseil de fabrique et les cas sont fréquents où des conflits éclatent entre familles nobles et notables roturiers à propos de l’édification ou de la transformation du monument.

La troisième caractéristique de l’architecture bretonne serait de lier intimement les édifices à leur milieu physique. La plus grande partie de l’église Saint Golven est faite avec le matériau du pays : ces plaques de schiste qu’il faut accumuler et qui obligent à monter des murs d’une épaisseur impressionnante. Seul le portail a nécessité l’importation de la matière première et encore : les carrières ne sont pas très loin. Dans cet argoat (le pays des bois), on a préféré la voûte lambrissée à la voûte de pierre ce qui permet au sculpteur de s’épanouir dans les décors des sablières et des entraits.

Cette inscription est gravée dans une pierre incluse dans le mur extérieur nord de la nef. Il est vraisemblable qu’il s’agisse du réemploi d’une inscription dont l’emplacement d’origine est inconnu.

Le Père Marsille, alors secrétaire de la Société Polymathique de Vannes (vers 1975), nous a proposé la transcription et la traduction suivante :
Ad mundanum
Damna est miseria rerum
Sed plus est mendosa maxima dierum
Rex poterit succurere opere rebus
Nam hodie ejus (est).
Pour le mondain
Le malheur est la fragilité des choses
Mais plus encore l’immense illusion des jours
Le roi pourra intervenir activement
Car aujourd’hui lui appartient.
Selon le P. Marsille, Abélard écrivait des stances de ce genre.

Je n’ai pu résister à l’envie de joindre à mon étude architecturale ce poème de Robert Mahieux consacré au Vieux Bourg de Taupont. Il est paru dans un recueil « Légendes du Porhoët » édité en 1938 chez Albert Messein à Paris. Il est bien évident que je ne reprends pas à mon compte ce qui est dit dans la dernière strophe … !

LE VIEUX BOURG
Auprès de Ploërmel se cache un ancien bourg ;
Il semble au bord du lac oublié pour toujours,
Sur toutes ses maisons règne un charme morose,
Car le clocher s’est tu, la vieille église est close.
Les nombreux paroissiens s’y trouvant à l’étroit
Pour un temple nouveau quittèrent cet endroit.
Pour moi, j’aime toujours l’antique sanctuaire
Qui dort paisiblement dans sa grâce légère,
Je reviens quelquefois invoquer son patron
Le bon vieux saint Goulven, évêque de Léon.
Un Lambilly jadis avait fondé l’église
Et pour le rappeler, une coutume exquise
Commémorait le fait chaque année en ce lieu.
Les vassaux accouraient dans la maison de Dieu,
La voûte résonnait au chant de la chorale
Pour célébrer gaiement la fête patronale.
La messe terminée, au devant du seigneur,
Le curé s’avançait suivi du procureur,
Qui portait dans ses bras pour l’offrir à sa dame
Un coq enrubanné ; puis sur un oriflamme,
Les gens lisaient ces mots : « Point gesné, point gesnant. »
Devise du seigneur, dicton simple et charmant.

Nos ancêtres suivaient ces antiques usages
Familiers et naïfs, transmis au cours des âges,
Au sortir de l’office, on allait au château,
Un sonneur, dans la cour, perché sur un tonneau
Tirait de son biniou l’agréable cadence
Et les bons villageois s’exerçaient à la danse.
Nobles et tenanciers trinquaient d’un cœur joyeux,
Un candide bonheur brillait au fond des yeux.
On ignorait alors cette lutte des classes,
On vivait simplement chacun bien à sa place,
Les maîtres n’exerçaient aucune oppression,
Ils inspiraient à tous la vénération.
Quand viendra la terreur avec ses cris de haine,
Au peuple l’on dira qu’il faut briser sa chaine,
Que prêtres et seigneurs méritent le trépas …
Dans la douce Bretagne, on ne comprendra pas.


Costume traditionnel de taupont

On trouve dans ce même recueil un deuxième poème consacré au Vieux Bourg (Dans l’église du Vieux Taupont) et daté de juillet 1933.
Mais point trop n’en faut …
Les personnes qui n’auraient pas l’ouvrage mais seraient intéressés peuvent me contacter.

La gwerz de Saint Goulven

J’emprunte à Henri le Breton (« Saint Goulven ou Golven, évêque de Léon 540-616 » édité à Rennes par l’imprimerie du Nouvelliste en 1933) des extraits de ce texte breton. Lui-même cite le texte « d’après M. de Kerdanet ». Il figure dans « la vie des saints de Bretagne » par Albert le Grand dans l’édition de 1837. H. le Breton précise : « Cette gwerz, dont le breton est du breton d’église à l’ancienne mode, c’est-à-dire corrompu par l’influence du français, racontait évidemment toute la vie de saint Golven, mais une grande partie de ce chant s’est perdue ». Goulven est la traduction de Goulc’hen dans le texte original.
Précisons qu’en breton, la gwerz est une complainte dramatique et souvent édifiante.


Autre version du costume …

Ar zant a voé Goulm-ven guir hanvet,
Garguet gant Doué euz é spéret.
………..
Eno é touarjont quenta ;
Ar plaç a c’halver Odéna
Voé a fournissas d’an dud queiz
Eul lochen évit o logeiz.
An noz-cé mémez Gologuen
Erruet ma voa é zermen,
A c’hanaz eur mab a dlié
Beza eun deiz sant braz en Eé.
Doué er roaz d’anaout d’an dud :
Neuzé souden, dré eur burzud,
Rac, ec’his né doa banné dour
Da voalc’hi ar c’houadour paour,
Glaudan, é dad, dré e péden,
A obtenaz eun eïénen
A zervichaz da guémensé
Hag a red ato abaoué.

Le saint fut colombe blanche bien nommé
Rempli par dieu de son esprit.
………………….
Là ils débarquèrent d’abord
L’endroit qu’on appelle Odéna
Fut celui qui fournit aux pauvres gens
Une cabane pour leur logement.
Cette nuit-là même Gologuen
Dont le terme était arrivé
Mit au monde un fils qui devait
Etre un jour grand saint au ciel.
Dieu le fit savoir au monde :
Alors soudain par un miracle
Comme il n’y avait pas une goutte d’eau
Pour laver le pauvre enfant,
Glaudan, son père, par sa prière,
Obtint une source d’eau vive
Qui servit à cela
Et court toujours depuis.

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